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Powernaut accélère la transition énergétique

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Le passage à des sources d’énergie renouvelables ne se fait pas toujours sans heurts. Parfois, ça ne tient qu’à un fil… Pour rétablir l’équilibre, Florentijn Degroote a fondé Powernaut, une entreprise qui accélère la transition énergétique grâce à des installations domestiques intelligentes. Volta a interrogé le cofondateur. Retour sur un entretien passionnant…
Pourquoi avez-vous fondé Powernaut ?

Florentijn : « La nature me passionne depuis que je suis enfant. Pendant mes études d’ingénieur en IA et en énergie, j’ai cherché des moyens de conjuguer technologie et développement durable.

J’ai pu mettre cette combinaison en pratique pour la première fois dans le cadre de mon premier emploi chez ML6, une entreprise de consultance en IA. Je me suis attelé, en équipe, à l’optimisation énergétique des bâtiments et de l’industrie.

Confronté à l’optimisation énergétique au quotidien, j’ai commencé à mieux comprendre les problèmes de déséquilibre et de surcharge de notre réseau électrique. Ce sont précisément ces problèmes qui freinent le déploiement des énergies vertes.

Cette idée nous a incités, des amis ingénieurs et moi, à chercher une solution au problème. Et comme souvent, il fallait commencer par se poser les bonnes questions. »

Lesquelles ?

Florentijn : « Comment exploiter au maximum les énergies renouvelables avec l’infrastructure actuelle et comment éviter l’effacement de consommation ? Ce dernier consiste à réduire, voire à interrompre la production des éoliennes ou des panneaux photovoltaïques parce que la production d’énergie (renouvelable) sur le réseau est déjà trop importante. »

Où faut-il chercher la solution, d’après vous ?

« Je suis persuadé que la solution est à chercher du côté des consommateurs d’électricité domestique. Un EMS (Energy Management System, ou système de gestion de l’énergie) permet de contrôler intelligemment des appareils tels que les pompes à chaleur, les voitures électriques, les chaudières et les batteries domestiques afin de soulager nos réseaux au bon moment. Ces systèmes contribuent donc activement à la transition énergétique. »

“Un EMS, ou système de gestion de l’énergie, permet de contrôler intelligemment les appareils tels que les pompes à chaleur, les voitures électriques, les chaudières et les batteries domestiques afin de soulager nos réseaux au bon moment.”
Mais comment un EMS peut-il savoir ce qui se passe sur le réseau électrique ?

Florentijn : « Ce n’est en effet pas encore possible à grande échelle. C’est pourquoi nous avons commencé à mettre en place une plateforme indépendante qui assure l’échange de données essentielles entre l’EMS installé chez le particulier, d’une part, et la situation du réseau électrique, d’autre part. Notre devise consiste à ‘rendre la production d’énergie décentralisée avantageuse et accessible à tous’. Cette mission est double : un avantage financier doit être octroyé à tous ceux qui apportent leur contribution, et l’ensemble du processus doit être bien huilé. L’utilisateur final doit être déchargé de tout souci. »

Vous avez évoqué la problématique du réseau électrique. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Florentijn : « Le réseau électrique pose deux grands défis : le déséquilibre et la congestion. Le déséquilibre est un phénomène caractérisé par une différence entre la quantité d’énergie produite et la quantité d’énergie consommée. La fréquence du réseau, qui doit idéalement être de 50 Hz, se met alors à fluctuer. C’est Elia, le gestionnaire du réseau à haute tension, qui est chargée de maîtriser ce problème.

En cas de déséquilibre, Elia intervient et l’équilibrage du réseau entraîne des coûts, par exemple quand il faut déconnecter une centrale au gaz. Ces coûts sont répercutés sur ceux qui sont à l’origine de ce déséquilibre : les BRP (Balance Responsible Party).

Il s’agit notamment des fournisseurs d’énergie, qui produisent à leur tour plus d’énergie qu’ils en consomment, ou inversement. Ces fournisseurs s’efforcent d’estimer préalablement leurs pénuries ou leurs excédents, mais les erreurs ne sont pas exclues.

Leurs équipes commerciales achètent et vendent de l’énergie pour anticiper d’éventuels déséquilibres. Powernaut aide les fournisseurs d’énergie à mieux évaluer l’ampleur du déséquilibre que leurs ménages résidentiels créent sur le réseau. Powernaut veille, en outre, à ce que les fournisseurs d’énergie puissent lisser ce déséquilibre grâce à un contrôle intelligent des appareils domestiques. »

Et qu’est-ce que la congestion ?

Florentijn : « On parle de congestion quand la société veut transporter plus d’énergie sur les réseaux que ce qu’ils sont physiquement capables de prendre en charge. Les câbles sont trop fins à certains endroits. Ou il n’y en a pas suffisamment pour répondre à nos besoins croissants en électricité. En Flandre, c’est Fluvius qui gère tout cela. »

Il y a des solutions aux deux problèmes, n’est-ce pas ?

Florentijn : « Oui. On peut régler le problème du déséquilibre en activant ou en désactivant des centrales électriques au gaz ou de grandes installations industrielles, par exemple. En ce qui concerne la congestion, les investissements dans le réseau constituent une méthode qui a fait ses preuves. Prenez le plan ‘No Regrets’ de Fluvius ou les incitants financiers tels que le tarif capacitaire. Mais il faut aller plus loin. Je pense notamment à la flexibilité au niveau de la basse tension.

Cette flexibilité est une solution supplémentaire qui nous permet d’adapter la consommation d’électricité à la demande, par exemple, via la variation de la consommation des appareils.

On peut aussi allumer ou éteindre des appareils à des moments précis. Prenez l’exemple d’une voiture électrique qui n’a pas besoin d’être rechargée à la puissance maximale directement, car elle dispose de suffisamment de temps pour se recharger à une puissance inférieure.

La flexibilité pourrait donc, en partie, prendre la forme d’un changement de comportement. Le confort doit néanmoins toujours l’emporter. C’est essentiel à mes yeux. D’où l’importance d’un EMS, qui garantit le confort. Il assure déjà souvent une optimisation locale, par exemple en augmentant l’autoconsommation de l’électricité produite par vos panneaux photovoltaïques.

En revanche, ces systèmes ne permettent pas encore une optimisation globale basée sur la situation du réseau électrique. C’est là que notre plateforme entre en scène. »

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Pouvez-vous nous en dire plus sur votre plateforme ?

Florentijn : « Comme je l’ai dit avant, notre plateforme aide les fournisseurs d’énergie à comprendre les déséquilibres. Elle permet, en outre, d’économiser sur les coûts en activant cette flexibilité au niveau résidentiel. Notre plateforme connaît la situation du réseau et envoie une recommandation à l’EMS, par exemple pour qu’il prélève plus d’énergie en cas d’excédent. L’EMS peut alors décider d’allumer la chaudière électrique parce qu’elle n’a pas encore atteint la température maximale autorisée. »

Comment cette flexibilité est-elle indemnisée pour l’instant ?

Florentijn : « La flexibilité n’est assortie d’une compensation qu’à l’échelle industrielle. Les entreprises peuvent introduire une demande à cet effet. Ce n’est pas le cas au niveau résidentiel. Il existe, certes, un tarif dynamique pour les clients résidentiels, ce qui constitue une forme de flexibilité, mais il ne suffit pas à maintenir la stabilité des réseaux. Powernaut aide le fournisseur d’énergie à éviter les coûts liés aux déséquilibres. Ce n’est néanmoins pas possible sans les clients finaux, qui mettent leurs appareils à disposition. Nous estimons donc que le fournisseur d’énergie devrait récompenser directement les clients finaux par le biais de leur facture d’énergie. Nous étayons cette conviction par des données et nous aidons les fournisseurs à élaborer de nouveaux modèles financiers sur cette base. Nous devrions dès lors voir apparaître, à l’avenir, de nouvelles formes de contrats qui accordent un rôle important à la flexibilité. »

“La flexibilité au niveau de la basse tension nous permet d’adapter la consommation d’électricité à la demande. ”
Quels types de contrats ?

Florentijn : « Nous aimerions que la flexibilité soit intégrée dans la composante énergie des contrats d’électricité, par exemple sous la forme de redevances fixes ou variables, basées sur la mesure dans laquelle le ménage contribue à stabiliser le réseau. Tout le monde y gagnerait : les fournisseurs d’énergie et les clients finaux.

Nous considérons les fournisseurs de produits EMS comme nos partenaires. Ils jouent un rôle crucial. Ils facturent déjà souvent une redevance mensuelle au client final. Nous pensons qu’ils pourraient être payés directement par l’intermédiaire de notre plateforme, selon la mesure dans laquelle ils favorisent la flexibilité. Ce système simplifierait les choses pour toutes les parties concernées, car le paiement ne passerait plus par le client final.

Nous sommes ouverts à une collaboration avec tout le monde, bien qu’un EMS doive répondre à certaines exigences techniques pour pouvoir communiquer avec notre plateforme. Il s’agit essentiellement de mesurer et de sauvegarder suffisamment de données granulaires, comme la puissance électrique, pour pouvoir valoriser la flexibilité. »

L’achat d’un EMS sera-t-il imposé à tout le monde à l’avenir ?

Florentijn : « Je ne crois pas que ça sera une obligation. Il s’agira plutôt de faire en sorte que les propriétaires d’un EMS qui communique avec la plateforme Powernaut aient la possibilité de changer de contrat. De conclure un contrat qui intégrera la flexibilité, ce qui offrira des avantages au fournisseur et au client. »

Dernière question : comment décririez-vous votre entreprise ?

Florentijn : « Powernaut accélère la transition énergétique en déployant intelligemment les installations domestiques et en contribuant à équilibrer le réseau, dans une configuration qui profite à chacun. » 

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